Vraiment la stratégie ultra droite de l'extrême centre, là, concernant l'Education nationale, c'est vraiment une recette trouvée sur un site terroriste sur "Comment foutre le feu à l'école".
1) Croyez-moi qu'ils ont rien confondu du tout, c'était un coup de sonde. Ils sont cons mais pas à ce point là.
2) Troubler les esprits sur ce qu'est la laïcité et précisément la loi de 1905. Qu'on m'explique un peu ce que le Hamas a à voir avec la République.
3) C'est jouer le jeu conscient, et j'insiste sur ce terme, d'insulter sans cesse, à demi mot, la communauté musulmane en France, qui quand elle n'en peut plus, devient un viver idéal pour tous les
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mouvements qui recrutent sur les internets et dans les mosquées clandé. C'est une stratégie dégueulasse.
Personnellement j'ai assumé tous les moments de recueillement organisés par l'institution.
Le travail des professeurs c'est de rassembler les élèves dans une communauté de sentiment et de réflexion.
C'est chez nous dans nos classes que se constitue ce qu'on appelle fraternité, et qu'on ne retrouve plus nulle part dans notre société, sauf peut-être à l'hôpital, où l'on soigne (encore) tout le monde.
Et pourtant croyez-moi des fois c'était chaud. Brûlant même.
Je me souviens pdt les attentats à Toulouse contre l'école Ozar Hatorah j'enseignais dans un
établissement ghetto, où 85% des élèves étaient musulmans, dans une ville en totale connexion avec les connards de terroristes de Molenbeek là.
Ben je peux vous dire que le taf je l'ai fait. Depuis que j'avais appris les attentats j'étais dans un état totalement edgy, je marchais à côté de mes pompes, brouillard total.
Le jour de la minute de silence, j'ai pas fait la minute de silence tout de suite. J'avais préparé un support doc. J'ai pris 2 heures avec mes élèves pour discuter. Et à la fin seulement on a fait la minute de silence. Qui était sincère et apaisée, du coup.
C'était le feu dans l'établissement.
J'avais été chargée de cette classe
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parce que le collègue qui les avait l'heure prévue pour la minute de silence se sentait pas de le faire.
Il avait peur de nos élèves.
Et moi je sais pas si vous vous rendez compte de ce que ça me déchirait physiquement le cœur de savoir que j'allais devoir travailler au corps ces élèves avec toutes mes ressources pédagogiques et ma communication pour qu'ils acceptent de faire une minute de silence. Ces élèves que j'aime de tout mon cœur je savais que si j'arrivais en disant juste "voilà il s'est passé ça, on fait une minute de silence, point barre ", certains m'auraient retourné la classe.
Parce que les victimes étaient juives.
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L'heure d'avant, l'heure prévue officiellement pour la minute de silence, j'étais dans l'établissement mais j'avais pas cours.
Ça hurlait dans certaines salles de classe.
Y avait des élèves exclus et envoyés chez la CPE.
Je me sentais en danger, je circulais dans les couloirs, j'étais complètement dans le brouillard.
Et j'arrive devant ma salle de classe et à côté de la porte de la salle de classe à côté, je vois un élève, un grand mastard, genre un cancre, bien explosif, une tête de cailloux typique Roubaix, deux têtes de plus que moi, qui pleurait tout seul dans le couloir.
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Quand je lui ai demandé pourquoi il était là, il m'a dit qu'il avait refusé de faire la minute de silence et que la prof l'avait mis à la porte.
Et quand je lui ai demandé pourquoi il avait pas voulu faire cette minute de silence, il a éclaté en sanglots et il m'a dit "Madame vous comprenez pas, s'il était venus nous tuer, nous, personne n'aurait fait une minute de silence."
Voilà où on en est de l'unité et de la fraternité dans ce pays.
Voilà ce dont sont persuadés des enfants de 15 ans.
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Voilà le magma émotionnel et politique dans lequel ils baignent, coincés entre des politiciens qui utilisent la laïcité comme une gâchette, une police qui les contrôle à coup de shlag, et des fondamentalistes qui leur disent "Viens, viens avec nous, les autres ils t'aiment pas, avec nous tu seras bien."
J'ai pleuré avec cet élève, je lui ai dit qu'on l'aimait, tous, et que oui, on aurait fait une minute de silence. J'ai fait mon travail en classe en m'accrochant à ma parole, mes documents, ma pédagogie. Mais franchement ce jour là mon cœur s'est brisé pour toujours et je fais ce genre de choses encore, quand il y a des évènements de ce genre,
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pas parce que j'y crois, mais par principe parce que moi vivante je vais pas fermer ma gueule, ni devant les manipulations de l'extrême droite, ni devant les terroristes.
Mes ancêtres ont pas fait ce qu'ils ont fait et vécu ce qu'ils ont vécu pour que je baisse mon froc devant des connards comme ça.
Mais je n'arrive plus à croire à l'efficacité de ce que je fais dans ces moments là, parce que ce que je fais en 1 heure est pulvérisé en 5 minutes de BFMTV ou 5 minutes de scroll sur les chaînes RS des fondamentalistes.
Alors les ministres de l'éducation là, je n'arrive même pas à dire ce que je pense d'eux tellement c'est laid.
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